Mon Parcours
J'ai commencé à travailler le fer en 69. En 77, alors que je commençais à bien maitriser cette matière difficile, j'ai dû tout vendre et partir...
En revenant en 78, sans atelier j'ai dû renoncer à la forge et à l'odeur du fer frappé pour me diriger logiquement vers le bois qui demande infiniment moins d'investissement...
J'ai commencé à travailler le trompe l'oeil et le bas relief. Puis, je me suis intéressé aux formes antinomiques de la matière bois, qui devient alors tissu, couverture, mousse, carton ou pate, qui s’étire, se plie ou coule pâteuse ou plus fluide.
Je m'appliquais à essayer d'arrêter la matière dans son destin de mutation et d'impermanence. C'était les années 83 à 87 environ...
J'imaginais alors déjà une multitude de sculptures à réaliser dans ce registre, cela m'enchantait vraiment. Je pensais aussi me remonter une forge et travailler la tôle de 4 mm. Mais au début des années 90, suite à un changement radical de situation j'ai été obligé de travailler à la commande pour assurer le quotidien devenu très difficile. L'art exige un minimum de moyen pour vivre, inaccessible au plus grand nombre.
Comme en 82, on m'avait demandé expressément pour la déco d'une discothèque, deux énormes sculptures panoramiques murales (haut relief en béton cellulaire), et vu que c'était surtout vers cela que la demande s'inscrivait, je n'avais pas le choix et dû logiquement abandonner le bois si cher à mon âme...
Même si je trouvais ce genre de sculpture plus décorative que créative, et donc à contre courant de ce qui doit se faire aux yeux des instances ''raffinées'', m'exposant ainsi à en être dévalorisé (on ne s'en est moult fois pas privé), elle suscitaient néanmoins ma curiosité, car à ma connaissance, à cette échelle, le genre n'avait pas été exploité.
Aujourd'hui il y a tant d'artistes que quoique l'on puisse faire en art, il y en aura toujours un qui vous dira que le genre a déjà été exploité et qu'on est alors qu'un ''suiveur''. Alors finalement par cela j'avais fini par les apprécier surtout en y découvrant des choses auxquelles je n'aurais jamais pensé autrement...
Je prenais conscience qu'on pouvait représenter le loin et le près beaucoup mieux qu'en dessin, car pour peu qu'on ait beaucoup de profondeur en rapport à la hauteur et que l'on se déplace d'un côté ou de l'autre devant la sculpture, on s'aperçoit alors que tout se modifie sans que l'aspect intrinsèque du sujet traité en soit différent.
Pourtant la réalité d'un panorama vu d'un angle différent est en vérité tout autre... Ce côté "créatif" qui s'offrait de lui-même m'avait beaucoup intrigué.
Je prenais conscience aussi qu'à partir d'une certaine profondeur de la sculpture en rapport d'une moindre hauteur, certains éléments sculptés commencent à se dégager suffisamment pour présenter une face arrière qui peut alors aussi être sculptée.
On peut par cela en conclure que ce n'est alors plus vraiment du relief mais plutôt du "volume compressé" pour citer un genre inexistant à ma connaissance qui permet dans un minimum de volume d'en exprimer un maximum .
A partir de cela ma recherche consistait à réaliser la sculpture qui offrirait au mieux ce rapport profondeur-hauteur et au printemps 95, je décidais de choisir moi même un lieu propice à cela. Et à choisir, autant sculpter la vie en ville mais après deux jours de marche dans Marseille, je n'avais rien trouvé d'intéressant.
Puis de passage à Aix en Provence alors que je n'y croyais plus trop, en découvrant la place des Augustins avec en long prolongement la rue Espariat qui de surcroit montait légèrement, je réalisais qu'en plus de la rusticité du coin, j'étais enfin à l'endroit parfait pour exprimer au mieux ce que je cherchais.
Et donc de début avril à la fin septembre 95, j'ai sculpté devant le public. Je rentrais tout les soir ma sculpture (qui était sur roulettes) dans le hall du Conseil Général qui était à proximité. Cela à été un défi très éprouvant et difficile, mais je n'étais pas vraiment pressé vu que les passants étaient, à ma grande surprise, très généreux.
Ensuite, après, à force de la découvrir cette sculpture m'avait amené par ses lignes de fuites étonnantes à vouloir les représenter dans l'espace en trois dimentions... Et aprés un long travail spéculatif sur cela j'ai abouti à des concepts sur la représentation de la totalité par des lignes de fuite qui dans des courbes reviennent englober un tout.
Ces concepts peuvent alors s'appliquer à n'importe quel sujet. Après beaucoup d'applications en dessin d'abord, puis en 3 D sur plâtre, argile et fer, et la réalisation de plusieurs logos et affiches, j'ai fini dans un long périple par aboutir à une sculpture remarquable sur Paris en 2001-2002.
J'aurais pu choisir comme support New York, Tokyo ou autre, la difficulté n'étant pas le sujet mais les lignes...
Mr Gaston Mercier, poète sisteronais, m'a dédier le petit texte qui suit et je l'en remercie.
- Du vif à l'élégance -
Comme on le dit parfois du commun des mortels, ce curieux
personnage ne paye pas de mine...
En l'occurrence, ici, la surprise est "de taille"... Une seule visite
permet de découvrir le talent et la classe d'un artiste capable de rebondir
au gré du temps que lui octroient d'innombrables sujets,... de commandes en
"visions"...
Il passe étonnamment du pur paysager à la figuration de choses
quotidiennes en trompe-l’œil superbes.
D'un côté, l'impression saisissante de profondeurs fuyantes sur bien
peu d'épaisseur. Où la délicatesse du détail fait revivre et pénétrer le lieu,
qu'il soit d'ordre habité ou vaste d'horizon...
De l'autre, sans limite, un hyper réalisme où la matière change tout à
coup de nature en nous laissant perplexe...
On en oublierait presque le support d'origine.
Une imagination débordante de charme,... une géométrie où l'espace
fait loi grâce à ces jeux de courbes offrant des perspectives en quête
d'infini... Que l'on perçoit de même dans ses dons d'ébéniste...
... Mathias fut ferronnier, auteur d’œuvres utiles de bien belles
factures et il se prit bientôt d'amour pour la sculpture...
Heureuse inspiration. La réussite est là pour cet autodidacte en
prise avec la vie, le réel et l'"ailleurs". Proche par sa nature de l'humble
condition où l'humain se débat, sans croire en autre chose qu'au devoir de
transmettre son sens de la beauté... Les outils exigeants, ... le cœur entre
les dents...
Il transcende un vécu en artisan-artiste quelquefois dérangeur. Un
homme au regard vrai et à la main magique percluse d'oubli des autres sur
fond de don de soi...
A mieux le reconnaître, l'on gagne aussi un prix.
A Mathias Clamaron
Gaston Mercier
En revenant en 78, sans atelier j'ai dû renoncer à la forge et à l'odeur du fer frappé pour me diriger logiquement vers le bois qui demande infiniment moins d'investissement...
J'ai commencé à travailler le trompe l'oeil et le bas relief. Puis, je me suis intéressé aux formes antinomiques de la matière bois, qui devient alors tissu, couverture, mousse, carton ou pate, qui s’étire, se plie ou coule pâteuse ou plus fluide.
Je m'appliquais à essayer d'arrêter la matière dans son destin de mutation et d'impermanence. C'était les années 83 à 87 environ...
J'imaginais alors déjà une multitude de sculptures à réaliser dans ce registre, cela m'enchantait vraiment. Je pensais aussi me remonter une forge et travailler la tôle de 4 mm. Mais au début des années 90, suite à un changement radical de situation j'ai été obligé de travailler à la commande pour assurer le quotidien devenu très difficile. L'art exige un minimum de moyen pour vivre, inaccessible au plus grand nombre.
Comme en 82, on m'avait demandé expressément pour la déco d'une discothèque, deux énormes sculptures panoramiques murales (haut relief en béton cellulaire), et vu que c'était surtout vers cela que la demande s'inscrivait, je n'avais pas le choix et dû logiquement abandonner le bois si cher à mon âme...
Même si je trouvais ce genre de sculpture plus décorative que créative, et donc à contre courant de ce qui doit se faire aux yeux des instances ''raffinées'', m'exposant ainsi à en être dévalorisé (on ne s'en est moult fois pas privé), elle suscitaient néanmoins ma curiosité, car à ma connaissance, à cette échelle, le genre n'avait pas été exploité.
Aujourd'hui il y a tant d'artistes que quoique l'on puisse faire en art, il y en aura toujours un qui vous dira que le genre a déjà été exploité et qu'on est alors qu'un ''suiveur''. Alors finalement par cela j'avais fini par les apprécier surtout en y découvrant des choses auxquelles je n'aurais jamais pensé autrement...
Je prenais conscience qu'on pouvait représenter le loin et le près beaucoup mieux qu'en dessin, car pour peu qu'on ait beaucoup de profondeur en rapport à la hauteur et que l'on se déplace d'un côté ou de l'autre devant la sculpture, on s'aperçoit alors que tout se modifie sans que l'aspect intrinsèque du sujet traité en soit différent.
Pourtant la réalité d'un panorama vu d'un angle différent est en vérité tout autre... Ce côté "créatif" qui s'offrait de lui-même m'avait beaucoup intrigué.
Je prenais conscience aussi qu'à partir d'une certaine profondeur de la sculpture en rapport d'une moindre hauteur, certains éléments sculptés commencent à se dégager suffisamment pour présenter une face arrière qui peut alors aussi être sculptée.
On peut par cela en conclure que ce n'est alors plus vraiment du relief mais plutôt du "volume compressé" pour citer un genre inexistant à ma connaissance qui permet dans un minimum de volume d'en exprimer un maximum .
A partir de cela ma recherche consistait à réaliser la sculpture qui offrirait au mieux ce rapport profondeur-hauteur et au printemps 95, je décidais de choisir moi même un lieu propice à cela. Et à choisir, autant sculpter la vie en ville mais après deux jours de marche dans Marseille, je n'avais rien trouvé d'intéressant.
Puis de passage à Aix en Provence alors que je n'y croyais plus trop, en découvrant la place des Augustins avec en long prolongement la rue Espariat qui de surcroit montait légèrement, je réalisais qu'en plus de la rusticité du coin, j'étais enfin à l'endroit parfait pour exprimer au mieux ce que je cherchais.
Et donc de début avril à la fin septembre 95, j'ai sculpté devant le public. Je rentrais tout les soir ma sculpture (qui était sur roulettes) dans le hall du Conseil Général qui était à proximité. Cela à été un défi très éprouvant et difficile, mais je n'étais pas vraiment pressé vu que les passants étaient, à ma grande surprise, très généreux.
Ensuite, après, à force de la découvrir cette sculpture m'avait amené par ses lignes de fuites étonnantes à vouloir les représenter dans l'espace en trois dimentions... Et aprés un long travail spéculatif sur cela j'ai abouti à des concepts sur la représentation de la totalité par des lignes de fuite qui dans des courbes reviennent englober un tout.
Ces concepts peuvent alors s'appliquer à n'importe quel sujet. Après beaucoup d'applications en dessin d'abord, puis en 3 D sur plâtre, argile et fer, et la réalisation de plusieurs logos et affiches, j'ai fini dans un long périple par aboutir à une sculpture remarquable sur Paris en 2001-2002.
J'aurais pu choisir comme support New York, Tokyo ou autre, la difficulté n'étant pas le sujet mais les lignes...
Mr Gaston Mercier, poète sisteronais, m'a dédier le petit texte qui suit et je l'en remercie.
- Du vif à l'élégance -
Comme on le dit parfois du commun des mortels, ce curieux
personnage ne paye pas de mine...
En l'occurrence, ici, la surprise est "de taille"... Une seule visite
permet de découvrir le talent et la classe d'un artiste capable de rebondir
au gré du temps que lui octroient d'innombrables sujets,... de commandes en
"visions"...
Il passe étonnamment du pur paysager à la figuration de choses
quotidiennes en trompe-l’œil superbes.
D'un côté, l'impression saisissante de profondeurs fuyantes sur bien
peu d'épaisseur. Où la délicatesse du détail fait revivre et pénétrer le lieu,
qu'il soit d'ordre habité ou vaste d'horizon...
De l'autre, sans limite, un hyper réalisme où la matière change tout à
coup de nature en nous laissant perplexe...
On en oublierait presque le support d'origine.
Une imagination débordante de charme,... une géométrie où l'espace
fait loi grâce à ces jeux de courbes offrant des perspectives en quête
d'infini... Que l'on perçoit de même dans ses dons d'ébéniste...
... Mathias fut ferronnier, auteur d’œuvres utiles de bien belles
factures et il se prit bientôt d'amour pour la sculpture...
Heureuse inspiration. La réussite est là pour cet autodidacte en
prise avec la vie, le réel et l'"ailleurs". Proche par sa nature de l'humble
condition où l'humain se débat, sans croire en autre chose qu'au devoir de
transmettre son sens de la beauté... Les outils exigeants, ... le cœur entre
les dents...
Il transcende un vécu en artisan-artiste quelquefois dérangeur. Un
homme au regard vrai et à la main magique percluse d'oubli des autres sur
fond de don de soi...
A mieux le reconnaître, l'on gagne aussi un prix.
A Mathias Clamaron
Gaston Mercier